jeudi 6 mars 2008

glacial


Morne esprit, autrefois amoureux de la lutte, L'Espoir, dont l'éperon attisait ton ardeur, Ne peut plus t'enfourcher! Couche-toi sans pudeur, Vieux cheval dont le pied à chaque obstacle butteRésigne-toi, mon cœur; dors ton sommeil de brute.Esprit vaincu, fourbu! Pour toi, vieux maraudeur, L'amour n'a plus de goût, non plus que la dispute; Adieu donc, chants du cuivre et soupirs de la flûte! Plaisirs, ne tentez plus un cœur sombre et boudeur!Le Printemps adorable a perdu son odeur!Et le Temps m'engloutit minute par minute, Comme la neige immense un corps pris de roideur; Je contemple d'en haut le globe en sa rondeur Et je n'y cherche plus l'abri d'une cahute.
Baudelaire